Avec le printemps est revenu le temps des semences.
Un verset de l’Ecclésiaste s’est rappelé à notre bon souvenir (Eccl 3
dans la traduction du Semeur):
Il y a un temps pour tout et un moment pour toute chose sous le soleil.2 Il y a un temps pour naître et un temps pour mourir, un temps pour planter, et un temps pour arracher le plant,3 un temps pour tuer et un temps pour soigner les blessures, un temps pour démolir et un temps pour construire. 4 Il y a aussi un temps pour pleurer et un temps pour rire, un temps pour se lamenter et un temps pour danser, 5 un temps pour jeter des pierres et un temps pour en ramasser, un temps pour embrasser et un temps pour s'en abstenir. 6 Il y a un temps pour chercher et un temps pour perdre, un temps pour conserver et un temps pour jeter, 7 un temps pour déchirer et un temps pour recoudre, un temps pour garder le silence et un temps pour parler, 8 un temps pour aimer et un temps pour haïr, un temps pour la guerre et un temps pour la paix.
C’est
peut-être là un des principes les plus fondamentaux - hormis notre
ancrage en Dieu par Christ - du Plain Living. Faire en sorte de pouvoir
donner aux choses à accomplir le temps qu’elles méritent ; faire en
sorte que nous puissions nous investir dans chaque tâche de manière
entière, honnête, authentique. L’adage populaire veut que celui qui est
partout à la fois n’est finalement nulle part, aussi essayons-nous de
prendre le temps ; les temps et moments nécessaires à la réalisation de
ce qui doit être fait.
En ce début du printemps, le four à pain a été
nettoyé, les premières semences intérieures commencent à sortir de
terre, les poussins de poule grandissent à vue d’œil. Alors que Marc
nous rappelle que ‘jour et nuit, la semence germe et grandit’ (4,26-29),
nous ne maudissons pas cet hiver utile, mais nous réjouissons du retour
des beaux jours et de tout le surcroît de vie qu’ils procurent.
Bientôt d’autres naissances, d’autres enfantements.
L’Ecclésiaste
nous donne à réfléchir à la manière dont nous travaillons, dont nous
nous affairons, dont nous gesticulons ! Et si chaque tâche mérite son
moment, nous sommes persuadés que chaque activité mérite aussi son
endroit. Pour nous, cela va de soi : dans une cuisine, on mange, dans
une chambre à coucher, on dort. Pourquoi choisir de mettre des
télévisions dans toutes pièces, ou de manger à tous les étages ?
Pourquoi transformer des pièces de vie en bureau improvisé, ou une pièce
à linges en fourre-tout ? Pourquoi téléphoner dans la salle de bains ou
se raser en voiture ? A croire que nous pouvons tout faire partout,
nous nous emmêlons les pinceaux, et ne sommes plus enclins à faire
correctement les choses. ‘On ne peut être au four et au moulin’,
disaient nos grand-mères. Marthe et Marie (Luc 10,38) en sont un autre
exemple.
Croire que tout espace peut servir toute activité
n’apporte ni la paix du geste ni la concentration nécessaire à celui-ci.
Croire que tout moment est propice à l’étude comme à la cuisine ou aux
champs est un leurre… Choisir de prendre le temps, et l’endroit, c’est
transposer dans les plus petites choses de notre vie la logique de la
vie elle-même, qui respecte cycles et saisons, latences et
explosions.